
Les sources Briardes
La Source Saint Aile à Rebais

Alors qu’il cherche à se réfugier loin des contraintes du monastère dont il a la charge, saint Aile découvre ici un havre de paix, à quelques kilomètres à peine de l’abbaye qu’il dirige.
Selon la légende il y vient fréquemment, oubliant ainsi un temps les contraintes de ses responsabilités à Rebais pour se replonger dans la solitude de la prière.
De nombreuses vies de saints mentionnent ce genre de pratiques. On les retrouve avec les abbés de Luxeuil ou de Jumièges. Et à chaque fois, le même miracle se produit : parti quelques temps du monastère, le saint a soif. De son bâton il frappe la terre et le miracle se produit. Une source jaillit.
Près de Meaux, sur l’ermitage de saint Fiacre, la même chose se serait produite. Il en est de même à Sablonnières sous la houlette du patron des chasseurs saint Hubert. Saint Ouen, fondateur de l’abbaye de Rebais a eu de son côté la chance de pouvoir se désaltérer à la rosée du matin, qui dessinait une croix dans les herbes.
Ici, une source coule bel et bien. La vie de saint Aile nous dit qu’elle est née pour le désaltérer. Assoiffé le saint touche la terre de son bâton et le miracle se produit. Mais cette source a longtemps été oubliée.
En effet, il faut attendre les années 2000 pour que des travaux soient entrepris afin de la dégager. Et là, un second miracle se produit. En nettoyant les lieux, les archéologues retrouvent une stèle du XIIIème siècle d’où coule la source avant de se déverser dans une grands vasque elle aussi du Moyen-Âge.
Il y a la légende de la vie des saints et la réalité historique. L’archéologie nous prouve désormais que la source de Saint-Aile existait bien et qu’elle a été réaménagée au fil de l’Histoire. Est-elle née du bâton de saint Aile à la faveur d’un miracle divin ?
Il n’en reste pas moins qu’elle est aujourd’hui un élément fort du patrimoine local que chacun peut découvrir juste au sortir de l’ancienne chapelle.
Vincent MAJEWSKI
La Source Saint-Aile
Une source oubliée.
Probablement né à Ussy-sur-Marne, le jeune Dadon va connaître au VIIème siècle une carrière fulgurante. Il n’est encore qu’un enfant quand saint Colomban traverse la Brie. La rencontre du jeune briard et du moine irlandais va être déterminante. Dadon appartient à une illustre famille noble de son époque. Adolescent, il sera d’ailleurs élevé à la cour du palais royal mérovingien. Il devient même le secrétaire particulier du roi Dagobert et un ami intime de saint Eloi, fondateur de l’abbaye de Solignac. Mais la rencontre de son enfance avec saint Colomban est restée ancrée dans sa vie. Il cherche dans le christianisme, à s’épanouir. Aujourd’hui encore son nom est présent dans l’histoire religieuse et celle de nos territoires. Mais ce nom connu de la mémoire de tous n’est pas celui de Dadon, c’est celui de saint Ouen. Les appellations latines du VIIème siècle sont parfois trompeuses. Saint Ouen est le diminutif de son prénom réel Dadoenus, simplifié en Dadon puis en Ouen. L’histoire s’en souvient comme évêque de Rouen où il termina ses jours. Pourtant, c’est bien sur sa terre natale qu’il initia son parcours religieux tout en gardant ses fonctions à la cour. Vers 636 ou 637, il sillonne la Brie, cherchant à y fonder une abbaye. Ce sera celle de Rebais dont la réputation va s’étendre en Europe tout au long du Moyen-âge. Encore pour fonder cette abbaye lui fallait-il trouver un lieu adapté. Il erre entre les rivières du Petit et du Grand-Morin et à la faveur de ses rencontres, il constate l’impiété des populations locales. Ainsi, de passage au lieu-dit de Barthélémy, il assiste à une coutume étrange : les habitants souhaitant que leurs vœux se réalisent enfoncent avec de lourds marteaux des clous forgés dans des pierres bordant une source. C’est là que s’accomplit le premier miracle de saint Ouen, ce jeune briard sur la terre qui l’a vu naître. A la simple force de son pouce guidé par Dieu, il plante dans chacune des pierres entourant la source quelques uns de ces clous si chers aux habitants et à leurs superstitions. Aujourd’hui, les reliques de saint Ouen ne sont plus visibles à Rouen, une ville trop marquée au fil de l’histoire. En revanche, visiteur, randonneur, pèlerin ou simple curieux peut découvrir cette source dont la margelle est encore percée de ses clous miraculeux. A la lisière de la forêt, un mur imposant continue de laisser jaillir cette eau qui rejoint le vieux lavoir adjacent, niché dans la vallée du Petit-Morin, dans le calme et la verdure. Ce lieu porte désormais le nom de Dadon : il s’agit de la source Saint-Ouen.
Vincent MAJEWSKI